mardi 22 août 2017

The Girls par Emma Cline


Résumé :

Californie, fin des années 1960. Evie Boyd, quatorze ans, vit seule avec sa mère. Lorsqu’elle se dispute avec sa seule amie, Evie se tourne vers un groupe de filles dont la liberté et l’atmosphère d’abandon qui les entoure la fascinent. Séduite par l’aînée, Suzanne, elle se laisse entraîner dans une secte au leader charismatique, Russell. Leur ranch est aussi étrange que délabré, mais, aux yeux de l’adolescente, il est exotique, électrique, et elle veut à tout prix s’intégrer. Son obsession pour Suzanne grandissant, Evie ne s’aperçoit pas qu’elle s’approche inéluctablement d’une violence impensable.

Avis

On a tous une image des années 60/70 avec les hippies, une vie libre en dehors de la société. Mais cette vie peut aussi cacher des choses peu reluisantes.

Ici nous sommes en 1969 où nous suivons la jeune Evie Boyd. C'est une toute jeune adolescente de 14 ans qui vit avec sa mère dans une banlieue plutôt aisée. Comme toutes les ados, elle se cherche et à envie de nouvelle expérience pour faire plus que son âge. Mais un jour, elle va rencontrer une jeune fille qui va bouleverser sa vie. Cette jeune fille ne ressemble à aucune autre qu'elle connaît. Il souffle comme un vent de liberté dans son attitude. Evie va vouloir devenir amie avec cette jeune fille et se faire accepter de sa bande.

Cette histoire nous est racontée par Evie à l'âge adulte avec encore un peu du regard de cette jeune ado qu'elle a été. On sait dès le début du livre que ce qu'elle a vécu ne s'est pas bien terminé en partie.
Elle tente de cacher aux autres ce qu'elle a vécue en étant la plus discrète possible mais son passé est toujours présent et la hante encore.

Le livre se divise en quatre parties. On commence toujours une partie avec Evie, adulte, qui vit dans la maison d'un ami où elle va faire la connaissance du fils de son ami et de sa copine. Ils vont l'obliger à se souvenir de son passé sombre. C'est ainsi qu'elle raconte ce qu'elle a vécue même si elle ne s'adresse pas particulièrement à eux. Ces moments dans le présent serve à nous montrer comment Evie est maintenant. Ils sont secondaires et pas forcément très intéressant. Ils sont cependant une pause avec le passé d'Evie.
Son histoire est racontée de manière chronologique en grande partie. Mais elle a ajouté son opinion d'adulte qui a pris du recul par rapport à ce qu'elle a vécu dans cette "secte". Dès le début on sait comment cela se termine. Ce qui est donc intéressant c'est de comprendre comment elle en est arrivée là. 

Au début j'avoue avoir eu beaucoup de mal dans les 100 premières pages. Tout me paraissait flou et difficile à comprendre. Je ne situais pas bien l'histoire et les différents personnages. Le style d'écriture est très particulier. On saute parfois d'une scène à l'autre ou alors quelque chose arrive sans que l'on s'en rende compte. De plus l'histoire démarre très lentement. La mise en place est longue. Il n'y a que quand Evie arrive au ranch que les choses deviennent plus intéressante.
La construction des phrases est aussi très particulière et m'a dérangé au début pour comprendre ce qu'il se passait. J'ai donc parfois été obligé de relire des passages pour être sûr de bien comprendre.

L'histoire ne m'a pas passionnée plus que ça. Les personnages sont très étranges et j'ai parfois du mal à les suivre. Evie est très naïve et elle est vraiment prête à tout pour se faire accepter. On se demande pourquoi personne et surtout sa mère ne voit pas qu'il se passe quelque chose. Mais je pense que pour comprendre il faut dire que la mentalité et la manière d'être avec ses enfants n'était pas la même entre hier et aujourd'hui.

Ce livre c'est le reflet d'une époque à travers les yeux d'une adulte qui a gardé une part de son âme d'adolescente.

La secte de Russel ne ressemble pas beaucoup aux sectes dont j'ai pu entendre parler qui date de cette époque. Mais je ne nie pas qu'une secte du même genre à exister. Le côté mystique n'est pour moi pas assez appuyé. Cependant on voit très bien comment embrigadement se fait. C'est très lent mais c'est aussi très pervers. La Evie adulte nous le dit très bien quand elle analyse les gestes de Russel.

Côté ambiance ça rattrape l'ennui parfois de l'histoire. On image plutôt bien comment était ce ranch. On sent presque l'odeur et la saleté qui y régnait. Le côté sombre et caché de cette histoire nous apparaît aussi quand Evie, adulte, nous donne des détails qu'elle n'avait pas quand elle était adolescente.


Ce n'est clairement pas un coup de cœur. Mais ce livre est intéressant pour avoir une image, une vision de cette époque très particulière où les excès et les "sectes" étaient à l'oeuvre.

Editions : 10/18 - Date de parution : 17 Août 2017 - 360 pages

vendredi 18 août 2017

Le mal des ardents par Frédéric Aribit


Résumé :

Entretenir le feu sacré sous peine d'être enterré vivant.

On ne rencontre pas l'art personnifié tous les jours.
Elle est violoncelliste, elle dessine, elle peint, fait de la photo. Elle s'appelle Lou. Lorsqu'il tombe sur elle, par hasard, à Paris, c'est sa vie entière de prof de lettres désenchanté qui bascule et, subjugué par ses errances, ses fulgurances, il se lance à la poursuite de ce qu'elle incarne, comme une incandescence portée à ses limites.
Mais le merveilleux devient étrange, et l'étrange inquiétant : Lou ne dort plus, se gratte beaucoup, semble en proie à de brusques accès de folie. Un soir, prise de convulsions terribles, elle est conduite à l'hôpital où elle plonge dans un incompréhensible coma. Le diagnostic, sidérant, mène à la boulangerie où elle achète son pain.
Quel est donc ce mystérieux « mal des ardents » qu'on croyait disparu ? Quel est ce « feu sacré » qui consume l'être dans une urgence absolue ?
Il va l'apprendre par contagion. Apprendre enfin, grâce à Lou, ce qu'est cette fièvre qui ne cesse de brûler, et qui s'appelle l'art.

Avis :

Une rencontre qui arrive par hasard dans le métro. Une rencontre qui va bouleverser la vie d'un professeur de français qui mène une petite vie bien tranquille.

Cette jeune femme, Lou, est une vraie tornade. Elle ne laisse pas indifférent de part son comportement et son physique. Elle aime l'art. Elle vit l'art intensément. Elle ressent l'art comme personne.

Au début on se dit que c'est peut être dans sa nature d'être ainsi et de vivre tout à fond dans les moindres détails. Elle ressent intensément la musique et l'art. Elle en parle à merveille.
Mais au bout d'un moment on se dit qu'il y a quelque chose qui cloche chez Lou. Son comportement devient de plus en plus bizarre. Bien sûr on se rend compte de tout ça si on a n'a pas lu la quatrième de couverture.
Le professeur va d'abord être intrigué par cette femme. Mais on sent bien qu'avec la force des choses il va tomber amoureux et se passionner pour cette femme.

Toute cette première partie du livre est complètement dingue. Tout va à 200 à l'heure. On ressent la passion qui anime ces deux personnages. Il y a certains passages qui sont absolument sublimes et qui nous font aimer ces deux personnages. Les chapitres courts donnent un rythme au livre. La lecture de ce livre se fait extrêmement vite dans cette première partie. 
Quand il est question de musique, on a le droit à des passages très intenses et très beau qui nous décrive le ressenti que les personnages ont en l'écoutant. On ressent toute la profondeur des sentiments qui les traversent. 
Puis il y a les grandes envolées de Lou. Elle parle de ce qu'elle ressent par rapport à la musique ou à l'art comme personne. On sent à quel point pour elle c'est vital et tout l'amour qu'elle a pour l'art. C'est vraiment très beau et cela donne vraiment à réfléchir. Pour ma part je partage exactement son avis.

Puis arrive la scène dont il est question dans la quatrième de couverture. On se demande comment cela va se passer ensuite. Comment le personnage du prof va réussir à tenir et ce qu'il va faire pour elle ? 
Dans cette seconde partie, on apprend beaucoup de choses. Ça ressemble un peu à une enquête pour comprendre ce qui arrive à Lou et aussi l'origine lointaine de ce mal qui la ronge. On aborde plusieurs point de vue : celui de l'art, de la science mais aussi de la religion. C'est très intéressant pour comprendre ce mal et comment il a été vécu selon les époques.
Mais pour l'histoire entre Lou et le professeur, les choses sont bien différentes. Comme lui, on est un peu perdu et on est en manque des sentiments que l'on a pu vivre dans la première partie. Les choses retombe un peu. 
Au début j'ai été un peu déçue mais heureusement qu'il y a cette "enquête" de la part du professeur.


Le dernier chapitre du livre redonne une vraie bouffée à l'histoire. On voit que la passion qui anime cette histoire est encore là à travers la musique. Ce dernier chapitre nous fait vivre comme dans la première partie, la musique le plus intensément possible. 

C'est une lecture que j'ai beaucoup aimé malgré une seconde partie plus calme. Cette histoire entre les deux personnages est complètement dingue. L'auteur a une plume absolument sublime pour nous faire vivre au plus près la relation entre les deux personnages.

Éditeur : Belfond - Date de parution : 17 Août 2017 - 240 pages

lundi 14 août 2017

La petite cloche au son grêle par Paul Vacca


Résumé :

« Un soir, tu entres dans ma chambre alors que je me suis endormi. Le livre m'a échappé des mains et gît sur ma descente de lit. Tu t'en saisis, comme s'il s'agissait d'un miracle. – Mais tu lis, mon chéri ! souffles-tu en remerciement au ciel. Incrédule face à ce prodige, craignant quelque mirage, tu palpes l'objet. Non, tu ne rêves pas : ton fils lit. Intimidée, tu ouvres le livre, fascinée à ton tour... » Quand la découverte de Marcel Proust bouleverse la vie d'un garçon de 13 ans, de ses parents cafetiers et des habitants de leur petit village du Nord de la France. Des jeux innocents aux premiers émois de l'amour, de l'insouciance à la tragédie : l'histoire tendre et drôle des dernières lueurs d'une enfance colorée par le surprenant pouvoir de la littérature...

Avis :

J'ai découvert la plume de Paul Vacca avec son dernier livre "Au jour le jour". C'était un coup de cœur pour un livre vers lequel je ne pense que j'aurais été naturellement.
Après m'être renseigné sur la bibliographie de l'auteur, j'ai découvert ce livre que j'ai réussi à trouver très rapidement.
Les retours sur ce livre étaient tous très positifs donc la barre était très haut.

Dans ce livre c'est un jeune homme qui raconte son histoire à sa mère. Ce premier élément donne le ton du livre. On sent tout de suite très proche de cette histoire, on la vit au plus près. Ce jeune homme est tout de suite très touchant. Il raconte à travers ses yeux d'adulte son histoire d'enfant comme pour mieux convoquer les souvenirs et les sentiments qu'il a vécus.
Au fur et à mesure du livre, on va le voir changer et grandir avec ce qu'il va se passer. Sa relation avec sa mère est très importante dans le livre. A travers la découverte de l'oeuvre de Proust, ils vont se rapprocher et vivre des choses ensemble. Cette relation est belle et on voit à quel point leur complicité est très forte. C'est absolument bien décrit et sublime. Sa mère qui veut faire de lui un écrivain va être à fond derrière lui et va donner tout ce qu'elle peut pour qu'il continue à lire.
Son père est un peu en retrait de tout ça au début mais on sent que c'est une bonne âme.

L'oeuvre de Proust est centrale dans ce livre. Elle va inspirer la vie de ce jeune garçon dans la vie de tous les jours. J'avoue ne pas l'avoir lu mais la façon dont elle est présentée dans ce livre donne vraiment envie de s'y plonger et de découvrir cet univers et ces personnages.

Cette histoire est touchante du début à la fin. Il n'y a pas de chapitre seulement des parties. Mais le livre se lit très vite car l'écriture est absolument sublime. Elle vous enchante, elle vous emporte d'un bout à l'autre du livre.
J'ai été à la fois émue et émerveillé par cette histoire. Certains passages comme celui au début du livre avec la libraire vous font vous dire que ce livre est une vraie merveille.
On sait qu'à la fin de l'histoire quelque chose de triste va se produire donc que l'on sera forcément triste pour ce jeune homme. Mais c'est encore mieux. Ce passage est écrit de manière très subtile avec le minimum de mot et de détail pour vous donner une sacrée claque qui vous laisse sans voix.

Je suis une grande gourmande et ce livre m'a fait l'effet d'un excellent chocolat ou du meilleure bonbon que j'ai jamais mangé. C'est doux, c'est léger et on en veut encore. Ça vous emporte très loin pour vous laisser avec un plaisir immense mais aussi une grande tristesse que ce soit déjà fini.
Mais on se dit que l'on peut tout recommencer à zéro et peut être revivre la même chose.

Pour ce qui concerne la fin du livre, je l'ai adoré car on comprend pourquoi le narrateur s'adresse à sa mère. Et on finit sur une note d'espoir comme quoi le passé n'est jamais loin et que ce que l'on a vécu on peut le revivre à travers le souvenir.

Vous l'aurez sûrement compris, ce livre c'est un immense coup de cœur ! 

Si il est dans votre PAL, vous le sortez de suite et vous me direz merci après ;) 

Édition : Le Livre de Poche - Date de parution : 8 Mai 2013 - 168 pages

dimanche 13 août 2017

Écosystème par Rachel Vanier


Résumé :

Marianne et Lucas sont les anti-héros de l'entrepreneuriat. Ils ont sauté le pas de la création d'entreprise, rêve de toute une génération de banquiers fatigués et de consultants blasés qui espèrent trouver dans les start-up le sens perdu dans leurs études à rallonge. Mais pendant que leurs idoles gagnent des millions dans la Silicon Valley, eux peinent à faire décoller leur projet. Ils s'envolent donc pour San Francisco chasser des licornes dans cet eldorado technologique.

Avis :

Selon Wikipédia, une start-up est "une jeune entreprise innovante à fort potentiel de croissance qui fait souvent l'objet de levées de fonds." Dis comme ça la définition parait encore un peu abstraite.
Personnellement je n'y connais absolument rien et ce n'est pas un milieu qui m'intéresse.
Mais j'ai quand même décidé de me plonger dans ce roman qui parle de ce monde de l'entrepreneuriat à travers l'histoire de Marianne et Lucas.

On suit l'histoire de deux jeunes gens qui ont monté leur start-up et qui vont subir de nombreuses péripéties. Car oui ce monde est semé d’embûches en permanence.
Dès le début de l'histoire, ils vont être confrontés à une nouvelle choc : l'un des associés décide de les lâcher. Avec cette scène on fait connaissance avec Marianne et Lucas.
Marianne est une jeune femme pleine d'énergie et surtout déterminée à réussir. Sa start-up c'est sa vie! Elle est plutôt bornée et têtue. Elle est très souvent exaspérante mais au fond on l'admire. Malgré tout ce qu'elle va se prendre, elle reste debout. On se demande quand même comment elle fait car beaucoup aurait tout lâcher.
Lucas est un vrai geek. C'est lui l'ingénieur/développeur de la start-up. Il apparaît très en retrait pendant une bonne partie de livre. Il est plutôt discret et n'a pas une grande ambition dans la vie. C'est l'ami d'enfance de Marianne. Il pourrait gagner des millions dans une entreprise mais il se contente plutôt d'une petite vie tranquille. On s'attache très vite à lui car c'est vraiment le gars sympa avec on peut devenir très vite ami.
Ces deux amis et co-associés vont partir à la conquête de San Francisco pour essayer de prendre un nouveau départ.

Le début du livre est un peu long mais il nous permet aussi de bien comprendre le monde des start-up. On plonge la tête la première dedans. Quand on n'y connaît absolument rien cela peut être très déstabilisant car l'auteure utilise le langage de ce monde. On est donc au début totalement perdu. Mais on arrive quand même à comprendre ce qu'il se passe et quels sont les enjeux au fur et à mesure. Le livre est donc complément accessible selon moi à des gens qui n'y connaissent rien. 
L'utilisation de ce langage est nécessaire et donne une vraie crédibilité au livre. On sent que ce livre est rempli de vécu. C'est pour cela que parfois on se dit que l'on est entre la fiction et le documentaire. On apprend beaucoup dans ce livre sur ce milieu très particulier.

Le style de l'auteure m'a plu car elle arrive à nous immerger dans ce milieu. Les personnages vont tomber très bas et on se demande bien si ils vont réussir à s'en sortir. Le milieu des start-up est sans pitié surtout à San Francisco. Mais on ressent ce milieu comme eux, c'est à la fois terrifiant et totalement excitant. La psychologie des personnages est plutôt réussie. On passe des chapitres entiers soit avec l'un ou l'autre. On les voit dans les bons comme dans les mauvais moments. Cependant certains chapitres n'apportent rien à l'histoire mais plus au personnage dans son évolution.
Les citations en début de chapitres sont très bien choisies. Elles sont très inspirantes et donnent parfois une petite lueur d'espoir.

C'est une lecture qui m'a beaucoup intéressé au final. C'est très crédible et on apprend beaucoup de choses. Il y a aussi des messages très intéressant dans le livre comme sur la place des femmes dans ce milieu. Il y a tout un échange sur le sujet entre Marianne et une chef d'entreprise à ce sujet qui concilie sa vie professionnel et sa vie personnelle. Mais ce livre nous éclaire aussi sur ce qu'est la dure réalité de ce milieu. C'est à la fois sans pitié mais avec énormément de possibilité.
Le dernier chapitre nous montre que même quand on tombe au fond du trou, il y a toujours un espoir de rebondir si on s'en donne le courage.

Je conseille ce livre autant à ceux qui connaissent le milieu qu'à ceux qui n'y connaissent rien.


La moral du livre pourrait être : tout est possible à qui s'en donne les moyens et ne baisse jamais les bras !

Éditeur : Intervalles - Date de parution : 7 Juin 2017 - 288 pages

lundi 7 août 2017

Ne dis rien à papa par François-Xavier Dillard


Résumé :

L'instinct maternel est l'arme la plus puissante au monde. Surtout quand on la retourne contre ses propres enfants.


Quatre jours et quatre nuits se sont écoulés avant que la police ne retrouve la victime dans cette ferme isolée. Quatre jours et quatre nuits de cauchemars, de douleurs et de souffrances, peuplés de cris et de visons imaginaires en face de ce jardin dans lequel elle a été enterrée vivante.

Sur un autre continent, loin de cet enfer, Fanny vit avec son mari et leurs jumeaux Victor et Arno. Leur existence bien réglée serait parfaite si elle ne percevait pas, au travers des affrontements qui éclatent sans cesse entre ses enfants, chez l'un, une propension à la mélancolie et, chez l'autre un véritable penchant pour le mal. Chaque jour elle se dit qu'elle ne pourra plus supporter une nouvelle crise de violence, ces cris qui la replongent au cœur d'images qu'elle voudrait tant oublier... À n'importe quel prix...

Et lorsqu'un nouveau voisin s'installe dans la grande maison, elle souhaite offrir le portrait d'une famille parfaite. Mais chaque famille a son secret et le sien est le plus terrible qui puisse exister. 

Avis

J'avais beaucoup entendu parler de François-Xavier Dillard et de son précédent roman. J'ai lu des avis très différentes les uns des autres. En tant qu'amatrice de thriller, je me suis laissé tenter par son dernier livre.

Dans ce livre, il y a plusieurs histoires. On jongle entre le présent et le passé. Les deux ont un lien mais il est loin d'être évident avant la fin du livre.

Dans le présent nous avons Fanny et sa famille. Ce personnage est extrêmement mystérieux. On ne sait absolument rien de son passé. On sait juste qu'elle est fleuriste et qu'elle a eu du succès grâce à ses livres. On se doute très vite qu'elle cache un passé très difficile. Son personnage est vraiment centrale, elle occulte le reste de la famille...ou presque. 
Ces deux enfants, Victor et Arno, sont très étranges. On ne comprend pas vraiment le pourquoi de leur relation. On se demande pourquoi personne ne voit que quelque chose ne va pas et donc n'agit pour que cela change. Une des scènes avec eux m'a mise très mal à l'aise. Je n'ai pas compris l'intérêt de cette scène. Mais ce que l'on peut appeler une explication arrive à la toute fin du livre. 
Dans le présent on suit aussi l'enquête et le tueur avec une de ses victimes. Ce n'est pas vraiment grâce à l'enquête que l'on avance. C'est une partie qui sert juste à justifier le reste de l'histoire. Mais l'enquêteur principal est un personnage assez intéressant que l'on aurait presque aimé voir un peu plus. En ce qui concerne le tueur et sa victime, c'est le floue totale. Même si on se doute à un moment du lien entre le milieu d'où viennent les victimes et le passé, il est difficile de le rattacher au reste avant la fin du livre.

Dans le passé, on suit ce que l'on comprend être deux histoires différentes. Le premier chapitre du livre qui nous parle du passé nous mets directement dans une ambiance très sombre et violente. La violence est ce que l'on ressent dans les scènes du passé. J'ai tenté à plusieurs reprises d'assembler les pièces de ce passé pour trouver le lien. Il faut attendre les 100 dernières pages pour enfin commencer seulement à comprendre ce qui unit le présent et le passé.

La mise en place de l'histoire est très longue. Elle l'était presque trop pour moi. Je ne voyais pas où l'histoire allait aller et comment la police allait trouver le meurtrier et surtout le lien avec Fanny. 
Le faite que tout reste flou très longtemps m'a un peu agacé. J'avais l'impression que l'histoire n'avançait pas.
Cette ambiance de mystère qui règne pendant quasiment tout le livre est intéressante car on fait mille et une supposition. Mais quand tout commence à se mettre en place c'est là que la "magie" opère. La fin est très surprenante et c'est l'explosion de violence. On ne pouvait pas soupçonner une telle fin même si on avait un doute sur un des personnages. 


C'est une lecture qui au début m'a un peu ennuyé mais la fin a sauvé l'histoire. Quand le puzzle s'assemble on est saisi par l'horreur de cette histoire. L'ambiance de cette histoire s'installe au fur et à mesure et c'est le gros plus du livre pour captiver le lecteur.
Même si ce n'est clairement pas un coup de cœur, ça reste une lecture intéressante.

Éditions : Belfond - Date de parution : 15 Juin 2017 - 320 pages

mardi 1 août 2017

Crimes au musée, recueil de nouvelles


Résumé

Dix-huit nouvelles de grandes dames du noir, européennes et québécoises.

Elles écrivent des polars. De ceux que l'on dévore. Et à la demande d'un lecteur passionné, elles se sont réunies autour d'un thème séduisant : le musée comme lieu de tous les crimes.

Musée d'art moderne, d'histoire, d'anthropologie, de sciences, du tatouage, de cire, toutes les salles sont ouvertes. En y pénétrant, l'atmosphère feutrée génère une impression de calme, presque de recueillement. Le sentiment de paix semble total et pourtant, nous sommes déjà sur une scène de crime, les œuvres en présence ont été témoins de la violence, de l'horrible et du machiavélique. Crime d'honneur, meurtre passionnel, vengeance, copie meurtrière d'un tableau ou petit meurtre sans conséquence... Qu'on soit simple visiteur, touriste ou gangster aux mains rougies par le sang, tous les coups sont permis.

Avis

"Crimes au musée", le titre est prometteur. Ce que j'ai pensé au début c'est que les nouvelles pourraient toutes se ressembler. Un meurtre dans un musée ou lié à un musée, ça peut paraître assez classique voir banal.
Mais pour ce recueil de nouvelles, Richard Migneault a su s'entourer de femmes de talents ! 
Au début le choix de n'avoir demandé qu'à des femmes est surprenant mais Richard s'en explique très bien dans l'avant propos du livre. Pour la féministe que je suis, c'est quelque chose qui m'a beaucoup plu même si je dois avouer que les polars/thrillers que je lis sont essentiellement écrit par des hommes. 
Donc dans ce livre ne lire que des nouvelles écrites par des femmes et en plus par des femmes auteures que je ne connais pas pour certaines : je ne pouvais être que curieuse de voir ce que cela allait donner.

Chacune des nouvelles s'accompagne d'une petite "biographie" de l'auteure écrite par Richard Migneault. Mais ces biographies ne sont pas écrites de manière classique. Elles sont écrites par un lecteur qui aime ces auteures et qui veut nous les faire découvrir et nous donner envie de poursuivre après la lecture de ces nouvelles. Elles ne sont pas ennuyeuses mais nous font découvrir l'auteure d'une manière singulière.

Je ne vous parlerais pas de toutes les nouvelles dans cette chronique mais seulement de trois d'entre elles qui m'ont le plus marquée.

La première qui m'a marquée est celle de Karine Giebel. C'est l'histoire d'une mère de famille qui élève seule ses deux enfants. Elle a trouvée un travail dans un musée comme assistante du directeur. Mais un soir son patron aura le geste de trop...Si elle veut garder son travail et subvenir aux besoin de sa famille, elle n'a pas le choix que d'accepter...
C'est une nouvelle très forte en émotion. Dès le début c'est la claque et l'ambiance est installée. On ressent tout dans ces quelques pages. Le malaise et la colère s’installent. On se met à la place de cette mère et on la comprend. La fin est très surprenante mais libératrice.

La seconde est celle de Marie Vindy. Deux corps sont retrouvés dans une pièce au dessus d'un petit musée de l'estampe. Une fois l'identité des victimes connues, une jeune femme policière va devoir découvrir ce qui les unissait et pourquoi ils ont été tués. 
Ce qui m'a particulièrement plu dans cette nouvelle, ce sont les descriptions. Elles sont tellement précises que l'on voit les formes et l'on sent les odeurs. Le faite que la jeune policière se mets à la place des victimes apporte une manière de raisonner très intéressante.

La troisième est celle d'Ingrid Desjours. Des personnes se retrouvent enfermés dans une pièce sans savoir pourquoi. On ne connaît pas leur identité et eux semblent avoir perdu la mémoire. Ils vont décider d'essayer de s'enfuir. Mais assez vite des tensions apparaissent dans le groupe. Chacun pense être la cible et que les autres ne sont que des victimes collatérales. 
Cette nouvelle est surprenante, inquiétante et très mystérieuse. On se doute de l'identité d'un des personnages dont on a seulement le prénom. Ce qui est fort dans cette nouvelle ce sont les liens entre les personnages. La dynamique de groupe qui s'installe est parfaitement décrite et très crédible. La fin de la nouvelle nous laisse un peu sans voix mais le plus c'est qu'il y a un vrai message à la fin qui fait réfléchir.

Je pourrais encore vous parler de d'autres nouvelles comme celle de Stéphanie de Mecquenem qui rend hommage à Agatha Christie, de celle de Nathalie Hug avec cet enfant qui aidé d'un ami imaginaire va amener sa mère à commettre le pire ou bien encore de celle de Barbara Abel où seul le lecteur sait et ressort de là avec un sentiment d'injustice. 
Mais je vais vous laisser découvrir ces nouvelles, toutes différentes de part le style ou la manière d'aborder le sujet, écrites par des femmes de talents.

Ce livre est une belle manière de découvrir ou redécouvrir des femmes auteures de talents. C'est une lecture agréable et parfaite pour l'été.

Un grand merci à Richard Migneault d'avoir eu l'idée de faire ce recueil de nouvelles qui nous montre que les femmes ont autant de talent que les hommes pour écrire du noir. J'espère qu'il donnera envie aux lecteurs de continuer la lecture avec les livres de ces auteures.

Edition : Belfond - Date de parution : 8 Juin 2017 - 416 pages