jeudi 31 mai 2018

L'homme brut de Bertrand Legendre


Présentation de l'éditeur :

Le destin d'un artiste opportuniste et misanthrope dans le business de la mémoire du Débarquement.
En Normandie, les plages et leur alignement de blockhaus à l'abandon sont le théâtre de nouvelles batailles. Entre les commémorations du Débarquement et la manne touristique, le commerce de la mémoire se porte bien. La guerre ? Marcel dit l'avoir faite. Il finit même par le croire et par en vivre. Pour sortir d'une existence de petits riens, de l'ennui, il fabrique de faux souvenirs en série. Mi-trafiquant, mi-artiste brut, misanthrope autant que mélancolique, il croit avoir tout compris du cynisme de son époque.Si l'Histoire laisse peu à peu la place aux bibelots, pourquoi ne pas tâter à l'argent facile et au succès ? Pourquoi ne pas prendre les médias à leur propre jeu et rouler les décideurs régionaux dans la farine ? Pourquoi ne pas aller jusqu'au bout ?

Avis :

Qu'est que j'aime découvrir les premiers romans ! Généralement ils viennent du cœur et des tripes avec tous leurs petits défauts mais qui laissent parfois entrevoir un bel avenir pour l'auteur. On ne peut pas les juger en les comparant au précédent, on peut juste dire qu'il ne peut y avoir qu'une marge de progression possible.

Ce qui m'a attiré vers ce roman, c'est le faite qu'il se passe en Normandie et que l'on parle du débarquement. La Seconde Guerre Mondiale, est une période l'Histoire qui m'a toujours beaucoup intéressée. Elle est très riche et sa mémoire est extrêmement importante pour les générations qui suivent et celles qui vont arriver.
Ici on comprend que l'on va voir jusqu'où ce devoir de mémoire peut conduire. On voit l'utilisation qui en est fait par les gens présents sur place.

La galerie des personnages de ce livre est très vaste. On passe de Marcel, celui qui se prend pour l'artiste local mais aussi un de ceux qui ont connus la guerre, aux différentes autorités locales en passant par un entrepreneur local aussi.
Tout ce petit monde cherche ce que peut lui rapporter ce lieu chargé d'histoire, les plages du Débarquement.
On se concentre en grande partie sur le personnage de Marcel qui est très antipathique d’emblée. Lui la grande Histoire il s'en moque clairement et va s'inventer une vie pour exister. Même si on n’est pas d'accord avec ce qu'il fait, on se demande à un moment si il avait vraiment un autre choix pour survivre.
Du côté des différentes autorités locales, il n'y a aucune faute de la part de l'auteur au contraire ils sont tout ce qu'il y a de plus réaliste. Chacun cherche ce qui va lui permettre de garder son poste, de s'en mettre plein les poches et si possible d'évoluer vers quelque chose d'encore meilleur pour lui. L'auteur les décrit et les mets en scène à merveille pour que l'on voit bien leur perfidie. Ils sont tous très intelligent pour arriver à mener leur petit business. On pourrait les comparer aux membres d'une mafia.
Il y a un personnage qui au début ne paye pas de mine mais qui au fur et à mesure du livre devient de plus intéressant, c'est l'entrepreneur Peraira. Il se révélera être d'une importance capitale.

Du côté de l'histoire, j'avoue que je me suis un peu ennuyé au début le temps de me familiariser avec la situation. Il y a beaucoup de descriptions du contexte local qui se révèlent au final extrêmement intéressante. Et quand on prend le livre dans son ensemble, on se rend compte qu'il est très proche de la réalité. Si on me dit que c'est un documentaire et non une fiction je serais presque tenté d'y croire.
L'auteur dépeint ces personnages de manière à les rendre réel. Je ne serais pas non étonné d'apprendre qu'il s'est inspiré de personnes qui existent.
Sur le déroulement de l'histoire, je n'ai pas grande chose à dire. Tout est cohérent. Mais l'auteur nous mets sur la voie que les choses vont se compliquer à un moment donner. C'est un peu la leçon du livre, chacun veut que les choses aillent dans son sens au risque qu'elles se retournent contre lui.
Cependant la fin du livre m'a déçu. Même si on se doute de comment cela va se terminer, il reste des zones d'ombres sur les conséquences et donc la suite.

C'est une lecture qui fut rapide et plutôt agréable mais qui ne m'a pas emballé plus que ça. Tous les éléments se tiennent et sont plutôt réussis mais la fin gâche un peu cette histoire empreinte d'un réalisme qui en dit long.


Editions : Anne Carrière - Date de parution : 6 Avril 2018 - 250 pages

lundi 28 mai 2018

La fabrique des coïncidences par Yoav Blum


Présentation de l'éditeur :

« Notre rôle est précisément de nous tenir à la lisière, dans cette zone grise entre destin et libre arbitre, et de jouer au ping-pong. »

Guy, Emily et Eric sont des agents secrets d’un genre nouveau. Leur mission : créer des coïncidences pour réinventer de la vie des gens. Car, dans le monde de Yoav Blum, le destin ne relève pas d’une autorité divine ou d’un hasard désincarné, mais bel et bien d’une organisation invisible de travailleurs du réel. On y débute souvent comme tisseur de rêves, ami imaginaire, distributeur de chance… jusqu’à accéder, pour les plus zélés, à la fonction de faiseur de coïncidences. Leur rôle consiste le plus souvent à provoquer des rencontres, rassembler des familles, semer les graines de l’inspiration à l’origine d’une oeuvre  d’art, d’une découverte scientifique…
Aussi quand Guy se voit assigner une mission spéciale impliquant un mystérieux tueur à gages fraîchement débarqué en ville,  ses certitudes volent en éclat tout en lui assénant au passage une bonne leçon sur les arcanes du destin, le libre arbitre et la nature véritable de l’amour.

Avis :

Voici un livre bien difficile à définir. Au début je pensais que c'était un simple roman de littérature blanche. Mais assez vite on se rend compte qu'il y a autre chose...

L'auteur nous emmène dans un monde où les amis imaginaires existent, où les distributeurs de rêves existent et où bien sûr les faiseurs de coïncidences existent. Ils font tous partis d'une organisation commune mais invisible à nos yeux. Je pensais à ce moment que l'on allait vers de la science fiction. Mais ce monde est comme le nôtre en tout point.

Côté personnages, on va suivre trois faiseurs de coïncidences. Ce trio a débuté ensemble dans cette nouvelle fonction. Ils ont tous un passé qui reste assez flou au début du livre mais cela s'éclaircit. Cependant on va plus s'intéresser à deux d'entre eux. 
Tout d'abord il y a Guy. Il semble assez à l'aise dans ce qu'il fait mais il ne semble pas chercher à faire des missions d'un niveau supérieur. Il est assez solitaire et aime son petit train-train. C'est le personnage auquel on s'intéresse le plus surtout à partir du moment où l'on va lui confier une mission qui va remettre en cause tout ce que en quoi il croit depuis toujours.
Et puis il y a Emily. Cette jeune femme m'a beaucoup touchée de part sa réserve mais aussi sa force. On sait peu de choses d'elle au début, elle reste très discrète pour une bonne raison. 

En ce qui concerne l'histoire, il y a beaucoup de choses à dire. 
Du côté de l'écriture, rien à redire. Les chapitres sont assez courts et ils s’enchaînent très vite. L'histoire est bien construite. On alterne les chapitres avec les personnages avec d'autres chapitres qui nous en apprennent plus sur ce qu'est un faiseur de coïncidences. On en apprend plus sur la philosophie mais aussi la pratique des faiseurs de coïncidences. Cela nous aide beaucoup pour comprendre l'histoire dans certains détails. 

Mais de manière générale, c'est un livre qui donne à réfléchir. Si vous êtes cartésiens, il y a de fortes chances que vous passiez à côté de ce livre. Il faut avoir une certaine ouverture d'esprit pour bien s'imprégner de la réflexion que fait passer l'auteur.
Ce livre est un peu un conte philosophique. Une vraie réflexion sur la vie et sur nos choix. J'avoue que je suis persuadé que certaines choses qui m'arrivent n'auraient pas eu lieu sans d'autres petits événements avant. On est invité à faire un pas de côté et à voir la situation, la vie dans son ensemble. Le hasard n'existe pas vraiment dans ce livre, tout comme dans la vie d'une certaine manière.

Ce livre est un premier roman et une très belle réussite. Il s'inscrit complément dans notre époque où tout va trop vite et où on ne prend pas le temps de réfléchir, de se poser.
Il a aussi un petit côté "feel-good" de part beaucoup d'éléments du livre mais sans tomber dans le cliché.
La fin du livre est particulièrement touchante et nous offre un retournement de situation totalement inattendue. Au début j'ai eu un peu peur mais en faite cela offre une très belle conclusion à ce livre.

Ce fut une lecture pleine de tendresse, de réflexions et surtout une belle leçon de vie accessible à tous.

Éditions : Delcourt - Date de parution : 11 Avril 2018 - 288 pages

jeudi 24 mai 2018

"En rose et noir" tome 26 des aventures de Mélusine



Présentation de l’éditeur :

La journée a plutôt mal commencé pour Mélusine. D'abord il y a ce nain chevauchant un dragon qui surgit du sol du château et qui accuse Mélisande, la cousine fée de Mélusine, de voler l'or des nains ! Et qui, pour se rembourser, repart avec quelques-uns des plus beaux chandeliers du château... Ensuite, il y a l'arrivée à l'école de sorcellerie d'un nouvel élève venu d'Afrique, spécialiste en sorts à partir de grigris, amulettes et fétiches divers, et que ses condisciples accusent de n'être qu'un imposteur incapable de faire de la vraie magie. Il y a enfin la visite totalement inattendue de Kaspar, le père de Mélusine, qui lui annonce son prochain divorce... et la disparition de sa mère ! Mélusine va enquêter et partir sur les traces de sa mère... et découvrir le terrible secret de ses parents qui pourrait bien mener à une guerre entre sorciers et fées !

Avis :

Voici une BD qui m’a rappelée mon enfance. C’est une sorcière que les moins de 20 ans ne connaissent surement pas. Cette bande dessinée est apparue dans le célèbre magasine « Le journal de Spirou » en 1992. Depuis 1995, 26 albums sont parus aux éditions Dupuis avec toujours le même dessinateur, Clarke.

N’ayant pas lu tous les précédents tomes, je n’ai pas été trop perdue dans celui-ci. Il y a des références aux précédents tomes mais elles n’empêchent pas de comprendre ce qu’il se passe.

Ici Mélusine va être confrontée au divorce de ses parents mais surtout à la disparition de sa mère. Elle va se lancer à sa recherche avec sa cousine qui est une fée, Mélisande. Ce personnage a été mon préféré. Elle est très drôle. Elle ne se rend pas compte de ce qu’elle fait ou dit et de l’impact que cela peut avoir. Elle apporte de la légèreté aux scènes un peu sous tension.

Un nouveau personnage fait son apparition, Mathys, un jeune marabout. Avec son père ils ont du quitter leur pays et ils se sont installés dans une maison qu’ils louent. Ces personnages font référence à un sujet très actuel, celui des migrants. Mélusine va aider Mathys à s’intégrer dans l’école.

On va de péripéties en péripéties dans ce nouveau tome. Mais surtout nous avons le droit à une révélation de taille pour Mélusine qui va changer beaucoup de choses pour la suite.

Je ne me suis pas ennuyée dans ce tome. Le dessin est superbe. J’ai vraiment retrouvée la Mélusine de mon enfance sur le début du tome. Elle est toujours prête à défendre les autres, son caractère est toujours très affirmé. Mais vers la fin on se rend compte qu’elle a grandit et que l’auteur a choisi de s’adapter à ce public qui a grandit avec mais aussi à la société actuelle. Ce fût au début une surprise pour moi mais je me suis dit que Mélusine s’adapte à son époque et donc reste très actuelle avec les thématiques abordées.

Le prochain tome s’annonce très intéressant avec la dernière page. Mélusine va voir son petit monde bouleversé...

Editions : Dupuis – Date de parution : 4 Mai 2018 – 48 pages


vendredi 18 mai 2018

Le manuscrit inachevé par Franck Thilliez


Présentation de l'éditeur

Aux alentours de Grenoble, une voiture finit sa trajectoire dans un ravin après une course-poursuite avec la douane. Dans le coffre, le corps d'une femme. À la station-service où a été vu le conducteur pour la dernière fois, la vidéo surveillance est claire : l'homme n'est pas le propriétaire du véhicule.

Léane Morgan et Enaël Miraure sont une seule et même personne. L'institutrice reconvertie en reine du thriller a toujours tenu sa vie privée secrète. Sa vie ? Un mariage dont il ne reste rien sauf un lieu, L'Inspirante, villa posée au bord des dunes de la Côte d'Opale, et le traumatisme de l'enlèvement de sa fille Sarah. L'agression soudaine de son mari va faire resurgir le pire des quatre dernières années écoulées.

Dans le vent, le sable et le brouillard, une question parmi d'autres se pose : vers qui, vers quoi se tourner, quand l'unique vérité est que tout vous devient étranger ?

Avis

Chaque année, j'ai toujours hâte de lire le nouveau livre de Franck Thilliez. C'est en général la promesse assurée de lire un excellent thriller !

Dans ce livre, nous avons deux histoires qui ont bien sûr un lien entre elles.

D'un côté on suit Léane, romancière à succès mais dans la tourmente. Sa fille a disparue il y a 4 ans et elle apprend que son mari s'est fait agressé et a perdu la mémoire. Elle ne sait que très peu de choses car ils se sont séparés peu de temps après la disparition de leur fille. Elle sait juste que son mari venait de découvrir quelque chose sur la disparition de Sarah.
Le personnage de Léane est très fort mais très tourmenté. Elle doit faire face seule à ce qu'il va lui arriver. Ce qu'elle va vivre est effrayant mais elle reste debout malgré tout. On partage tout avec elle. On doute avec elle et on se pose les mêmes questions même si par moment je l'ai devancée dans ces réflexions. 
Mon seul bémol pour ce personnage est sur un élément de son histoire qui selon moi n'apporte rien à l'histoire en général. Il est question de plagiat et de l'origine de son pseudonyme. On ne va pas au bout de ce côté là.

Et de l'autre côté nous avons Vic, un flic séparé qui est hypermnésique. Comme Léane, c'est un personnage très torturé. Entre sa grande mémoire et son divorce, il gère au mieux une affaire très complexe mais taillée pour quelqu'un comme lui. 
Dans l'enquête qu'il doit gérer c'est le meilleur. Il est le seul à voir dans les détails les éléments importants. Je l'ai trouvé bluffant et très attachant. On sent que c'est quelqu'un de bien mais qu'il est juste maladroit dans sa relation avec les autres.

La mémoire est ce qui relit ces deux personnages. D'un côté il y a un manque et de l'autre il y en a trop. Cela va compliquer leur tâche.

Dans ce livre, on alterne donc entre ces deux histoires. L'auteur entretient le suspens à merveille et nous garde en haleine du début à la fin. Il y a souvent beaucoup de suspens en fin de chapitre mais il faut savoir être patient pour connaître la suite. Cependant le côté de l'histoire avec Léane prend le dessus selon moi. Elle est seule à enquêter et plus elle avance plus elle fait des découvertes qui changent beaucoup de choses.
Plus on avance dans l'enquête, plus la tension augmente aussi. On soupçonne à peu près tout le monde surtout du côté de Léane. A partir d'un moment on comprend qui est vraiment suspect dans cette histoire. Un événement en particulier vers la fin du livre ne laisse aucun doute à mon avis.

La construction de ce livre est intéressante. Ce faux prologue nous donne le mode d'emploi pour comprendre ce livre. J'ai compris bien trop tard qu'il y avait une "énigme" à résoudre pour comprendre un élément du livre : le dernier chapitre. Donc mon conseil est de bien faire attention aux mots soulignés.

Ce fut donc une excellente lecture ! Je ne suis absolument pas déçue de ce livre malgré le faite de ne pas avoir compris ce dernier chapitre (dur d'expliquer pourquoi sans spoiler). Franck Thilliez signe encore un très grand thriller qui nous attrape dès le début pour ne plus nous lâcher jusqu'à la fin. Les fans seront aux anges avec ce thriller ! 

Editions : Fleuve Noir - Date de parution : 3 Mai 2018 - 528 pages

vendredi 11 mai 2018

Le tricycle rouge par Vincent Hauuy


Présentation de l'éditeur :

Noah Wallace est un homme usé, l’ombre du brillant profileur qu’il était jusqu’à ce qu’un accident lui enlève à la fois sa femme et sa carrière. Mais un appel téléphonique va le contraindre à reprendre du service. Son ami et ex-coéquipier Steve Raymond a besoin de lui. Une carte postale trouvée sur le lieu d’un crime atroce au Canada l’implique directement et le ramène à une série de meurtres commis cinq ans plus tôt. Tout porte à croire qu’un tueur en série présumé mort, le Démon du Vermont, est de nouveau à l’œuvre.
Dans le même temps, à New York, la journaliste-blogueuse Sophie Lavallée enquête sur un reporter disparu dans les années soixante-dix.
Et si les deux affaires étaient liées par le même sombre secret  ?

Avis

Depuis un moment je voyais passer ce livre sur les réseaux sociaux du faite du prix qu'il a obtenu : Prix VSD/RTL du meilleur thriller français. L'auteur a sorti en plus récemment un nouveau livre : Le Brasier chez Hugo Thriller.

Maintenant, parlons du livre...

Le premier chapitre du livre est extrêmement intriguant. Il l'est encore plus car par la suite on ne revient pas sur cet événement sauf à la fin bien sûr.
On ne va suivre que deux personnages : Noah Wallace et Sophie Lavallée.
Tous les deux se retrouvent embarqués dans une histoire qui va rapidement les dépasser. 

Noah est celui auquel on s'attache le plus. Il semble perdu et très vulnérable. Sa relation avec le tueur en séries est très étrange. Au début du livre je ne comprenais pas où on allait dans cette histoire avec Noah. On ne sait rien de son passé. On est directement embarqué dans cette enquête très étrange. Mais il faut être patient pour avoir au fur et à mesure des éléments sur ce qui est arrivé à Noah mais aussi sur qui il est (je n'avais pas lu la quatrième de couverture avant).

Quand à Sophie, son rôle est assez obscur pendant une bonne partie du livre. Je ne voyais pas le lien qu'elle pourrait avoir avec l'histoire de Noah. Mais ce personnage est plutôt intéressant. C'est une forte tête qui n'a presque peur de rien. Elle se met en grand danger mais aussi mettre en danger ceux qui l'entourent. Ce personnage arrive à s'imposer une fois que le lien entre son histoire et celle de Noah se fait. Mais elle n'est pas essentielle à l'histoire.

L'histoire de base est très complexe et obscure. Ces meurtres et les messages que reçoit Noah de la part du tueur nous laisse comme les personnages, un peu perplexe. L'auteur nous donne les informations au fur et à mesure. On n'arrive pas à anticiper ce qu'il va se passer. Il nous perd avec beaucoup de petits détails qui fait que l'on se trompe forcément quand on pense avoir trouvé ce qu'il y a derrière tout ça.

Les chapitres sont courts et très bien construits. Ils m'ont fait penser à des scènes de séries télé : On commence une scène et à la fin du chapitre on finit sur un élément qui donne du suspense pour la suite. Du coup on a très envie de lire le prochain chapitre. J'ai beaucoup aimé le faite qu'il n'y ai pas de numéro de chapitre mais soit des mots ou des débuts de phrases. Cela a bien sûr une explication liée à un personnage pour les mots complexes. Quant aux phrases, qui commencent au début d'un chapitre et ne se finissent qu'au suivant, elles nous indiquent quand une scène ne se finit pas dans le chapitre mais se poursuit sur le suivant. Tout ceci résume un peu à chaque fois ce qu'il va se passer dans le chapitre.

Dans ce livre, on va de rebondissements en rebondissements. La progression de l'intrigue et la montée en tension sont très bien faites. On peut ressentir cette tension plus on avance dans la lecture. L'auteur nous mets le doute sur chaque personnage. On se dit que chacun nous cache quelque chose de part son attitude. 
Plus on arrive sur la fin du livre et plus on a du mal à le lâcher. En faite, plus Noah retrouve la mémoire et plus on a envie d'avoir le fin mot de cette histoire.

Ce fut une excellente lecture. Ce thriller est très bien mené malgré un début qui m'a paru assez flou pour la compréhension des personnages entre autres. 
Pour un premier roman je dirais qu'il est plutôt réussi et montre que l'auteur ne pourra que nous surprendre avec le suivant (que du coup j'ai très envie de lire !).

Éditions : Le Livre de Poche - Date de parution : 28 Mars 2018 - 512 pages

mercredi 2 mai 2018

Chaque jour Dracula par Loic Clément et Clément Lefèvre


Présentation de l'éditeur :

Comme chaque matin de la semaine, Dracula va à l'école. Mais c'est avec une boule au ventre car certains de ses camarades de classe, de gros balourds, n'arrêtent pas de l'embêter. Certes, quelques-unes de ses particularités font de lui un garçon différent mais est ce une raison suffisante pour qu'il subisse ce harcèlement constant ? Comment y remédier ? Un soir, il franchit le pas et en parle à son papa...

Avis

C'est un coup de cœur plein d'émotion que je partage avec vous !

Je ne suis pas une grande fan de BD. Je n'en lis quasiment jamais par manque d'intérêt. Quand j'ai vu la couverture de celui ci, elle a piquée ma curiosité à cause du dessin. Les histoires de vampires m'attirent depuis toujours. Mais ce qui a fait que j'ai eu envie de la lire c'est la quatrième de couverture...

Dracula n'a pas toujours été un grand méchant vampire, il a aussi été un petit garçon qui va à l'école. Mais sa différence va attirer l'attention de ses camarades. Il va subir les moqueries des enfants de son âge. Ce petit garçon va endurer sa souffrance seule. Il se refuse à en parler jusqu'au jour où ce sera la confrontation de trop...

Cette BD aborde le thème du harcèlement scolaire. C'est quelque chose dont on entend beaucoup parler depuis plusieurs années suite à des affaires comme celle de Marion Fraisse . 

On ressent toute la souffrance de ce petit garçon qui en plus d'être différent physiquement est aussi le premier de sa classe. Les auteurs on réussit à retranscrire en dessin et en mot à la perfection la manière dont cela se passe. J'ai été beaucoup touché par ce petit garçon. On se demande comment il va faire pour s'en sortir. 
Quand il trouve enfin le courage de parler, tout change pour lui. 

Cette BD s'adresse aussi bien aux enfants qu'aux parents. Un passage avec le père montre aux parents qu'ils peuvent se sentir coupable de n'avoir rien vu mais qu'il ne faut pas en rester là. La libération de la parole est très bien montrée.

Cette BD m'a beaucoup touchée de part le sujet et la manière dont il est abordé. Le dessin est aussi très beau, très doux et traduit les sentiments parfois mieux que les mots.
Elle est à mettre entre toute les mains pour sensibiliser les enfants et les parents à ce phénomène qui gangrène les cours de récréation.

Editions : Delcourt Jeunesse - Date de parution : 25 Avril 2018 - 40 pages

France 3 Lire Délivre IDF 

La Horde par Sybille Grimbert


Présentation de l'éditeur

Ganaël rêvait depuis des siècles de posséder un être humain quand il a rencontré Laure, dix ans, une petite fille vive, drôle, si douce. Maintenant il est en elle, et il raconte son irrésistible prise de pouvoir. Bientôt, il pourra lui apprendre le goût du mal, la voracité, l'absence totale de pitié que les démons sont venus répandre dans le monde. Mais les humains sont un peuple étonnant : rien ne se passera comme prévu. Ce sera pire. Avec La Horde, Sibylle Grimbert s'empare du thème de la possession pour explorer la cruauté et la magie de l'enfance. Un suspense qui ravira les amateurs de frissons horrifiques, servi par une écriture magnétique teintée d'ironie.

Avis

Jusqu'à maintenant je n'ai jamais lu de roman d'horreur. J'aime regarder de temps en temps des films d'horreurs mais la littérature de ce genre ne m'avait pas plus attiré que ça. 
Ici ce qui m'a intrigué c'est le faite que le récit de la possession soit raconté par le démon lui même. J'ai failli tomber dans le cliché en me disant que serait assez "gore" car j'ai pensé au film "L'Exorciste" qui est cité sur le bandeau. Sauf que ce n'est pas exactement ça...

Au début du livre, nous faisons la connaissance du démon avant qu'il n'entre dans le corps de la petite fille. Il observe ce monde avec un œil complètement extérieur. Il ne semble pas du tout effrayant. On dirait même qu'il lui veut du bien. On comprend assez vite qu'il ne l'a pas choisi par hasard. Pour lui ce sera sa première possession.
On n'est pas dans une ambiance effrayante au début du livre. Tout parait presque "normal".
Mais plus on avance et plus cela devient étrange. En faite plus le démon prend de la place dans le corps de la fillette plus cela devient effrayant car ses actions vont avoir des conséquences de plus en plus importantes sur cette fillette.
On voit cette petite fille changer sous l'influence du démon tout au long du livre et cela devient de plus en plus inquiétant. On se demande jusqu'où cela va aller.
Grâce au démon on voit aussi la réaction des autres. Il continue d'observer et de nous faire part de la manière dont les autres (famille et entourage de l'enfant) réagissent. Il reste très observateur de ce qu'il se passe autour de la fillette.

Ce roman est très étrange. L'écriture est assez addictive. Je me suis laissé prendre au jeu assez vite avec en permanence cette ambivalence : le démon parait à la fois gentil mais ces intentions ne peuvent pas être bonnes donc il faut le craindre. Mais la situation se retourne à un moment donné. Sans s'en rendre compte ce n'est plus tout à fait lui qui est effrayant.
Le démon nous confie beaucoup ce qu'il pense, ce qu'il a vécu et ce qu'on lui a appris. 

L'auteur maîtrise très bien la violence psychologique. Assez vite on comprend que l'on est très loin des films d'horreurs avec tous les clichés que l'on imagine. 
On s'interroge aussi beaucoup dans ce livre. Le démon est en proie au doute et aux interrogations sur les êtres humains. Il ne les voyait que comme des moyens pour vivre mais il va se rendre compte que c'est plus compliqué.

Le thème principal du livre, l'enfance, est très bien abordé. Le point de vue du démon est très intéressant. On voit bien qu'à cet âge les enfants sont très influençables. Mais on voit aussi que les adultes, jeunes parents, sont aussi assez vite débordés par rapport à leur enfant.

La seule chose qui m'est déçue dans ce livre est la fin. J'avoue que je m'y attendais pas trop au vue de la promesse faite au début d'un roman d'horreur. Il y a un petit quelque chose qui me gêne et qui est difficile à exprimer ici sous peine de vous spoiler. Mais d'un autre côté cette fin peut paraître logique vu le retournement de situation entre le démon et la fillette.

Ce fut donc une lecture plutôt réussie malgré la fin. J'ai eu très peur lors de certaines scènes face à la réaction de la fillette. La progression de l'histoire est très claire et on voit aussi très bien le basculement qui s'opère entre le personnage de Ganaël (le démon) et Laure (la fillette). Cependant je n'ai pas compris la comparaison avec le film "L'exorciste", je ne vois pas le moindre point commun ou rapprochement.
Je ne connaissais pas cette auteure qui en est déjà à son dixième roman ! Je pense que j'aurais plaisir à lire un autre de ses livres.

Éditions : Anne Carrière - Date de parution : 5 Janvier 2018 - 215 pages