samedi 15 juillet 2017

Rien ne se perd par Cloé Mehdi


Résumé :

Une petite ville semblable à tant d'autres... Et puis un jour, la bavure... Un contrôle d'identité qui dégénère... Il s'appelait Saïd. Il avait quinze ans. Et il est mort... Moi, Mattia, onze ans, je ne l'ai pas connu, mais après, j'ai vu la haine, la tristesse et la folie ronger ma famille jusqu'à la dislocation... Plus tard, alors que d'étranges individus qui ressemblent à des flics rôdent autour de moi, j'ai reconnu son visage tagué sur les murs du quartier. Des tags à la peinture rouge, accompagnés de mots réclamant justice ! C'est à ce moment-là que pour faire exploser le silence, les gens du quartier vont s'en mêler, les mères, les soeurs, les amis... Alors moi, Mattia, onze ans, je ramasse les pièces du puzzle, j'essaie de comprendre et je vois que même mort, le passé n'est jamais vraiment enterré ! Et personne n'a dit que c'était juste...

Avis :

Un livre d'une jeune auteure qui a reçu autant de prix vaut la peine qu'on s'y intéresse....
Ce livre ne se passe pas dans une ville précise. Cela m'a un peu dérouté mais très rapidement ça n'a plus été le cas car on comprend que cette histoire pourrait avoir lieu dans n'importe quelle ville.
On est dans une banlieue qui pourrait très bien être celle de Paris ou de Marseille. On pourrait aussi croiser les personnages dans une de ses banlieues.

Alors où est la force de livre ? Son originalité ?

Elle réside d'abord dans le personnage que l'on suit en majeur partie : Mattia. C'est un petit garçon de 11 ans avec qui la vie a été très dure. Son père s'est suicidé en HP et sa mère l'a abandonnée pour le confier à un homme dont le passé est très troublé. Il va se retrouver confronté au poids du passé : le sien et celui de la ville dans laquelle il habite. Ce petit garçon va devoir grandir plus vite que prévu. Il fait preuve d'une très grande maturité pour son âge. Il est à la fois très attachant mais on ressent comme une forme de respect. Malgré tout ce qui lui arrive, il reste debout et il se bat. Il se retrouve face à des adultes qui ne veulent pas lui dire la vérité sur ce qu'il se passe et ce qu'il s'est passé. On va donc demeurer comme lui dans une forme d'inconnue sur ce qu'il se passe vraiment et ce qu'il s'est passé. C'est à la fois frustrant mais très intéressant. On fait mille et une hypothèses et ainsi quand on découvre la vérité, on se prend une grande claque mais on a aussi mille et une question.

Dans ce livre on aborde beaucoup de thèmes qui peuvent être polémique. L'auteur nous donne un point de vue sur ces thèmes. 
Le premier dont il est beaucoup question est la violence policière. Ce thème est très actuel et on pense forcément à des affaires récentes. Je pense qu'il ne faut pas faire une généralité sur le sujet : tous les flics ne sont pas des salauds. Avec les personnages on a le point de vue de la famille de la victime. On ne tombe pas dans l'extrême mais on est, selon moi, sur le fil en permanence. On aborde aussi le point de vue des flics mais de manière trop légère. 
Avec ce thème, on parle forcément de la justice et de l'égalité dans le traitement des affaires. Là aussi on pourrait penser que l'on tombe dans la caricature mais on est bien obligé d'avouer que les choses se passent souvent ainsi : il y a d'un côté les privilégiés, les intouchables et de l'autre ceux qui par leurs origines ne vont pas être traités de la même manière. 
Il est aussi question de l’hôpital psychiatrique. Rien de polémique ici car je pense que la manière dont cela est abordé reflète la réalité. Mattia en parle de son point de vue à lui avec ce qu'il a vécu à travers son père mais aussi avec ce qu'il vit avec la copine de son tuteur. Il a peur lui aussi d'y être confronté. C'est donc à travers le point de vue d'un enfant avec toutes ses peurs que l'on en parle.

Mais la grande force de livre, c'est pour moi son écriture. Elle est brute et très directe. Mais elle est aussi très belle. Elle transmet des émotions très fortes. Elle est aussi le reflet du point de vue de cet enfant de 11 ans à qui on ne dit pas tout. On sent la rébellion dans les mots qui grandi et qui peut tout faire exploser. Les descriptions sont très simples mais on imagine très vite le lieu et l'ambiance sombre de cette banlieue. On a envie de croire qu'il y a un peu d'espoir mais encore une fois on colle à la réalité.
Certains chapitres ne sont pas du point de vue de Mattia. C'est nécessaire pour faire avancer l'histoire. On peut ainsi faire mieux connaissance avec ceux qui entourent ce petit garçon. 

La fin du livre est brutale mais inévitable. Mais elle conclue parfaitement cette histoire terriblement actuelle. 

C'est un grand livre écrit par une toute jeune romancière qui je pense n'a pas fini de nous surprendre. C'est un livre qui donne UN point de vue mais qui pousse aussi au débat de part les thèmes abordés.
La promesse faite par les nombreux prix est tenue : c'est un roman noir d'une grande qualité.

Edition : Jigal - Date de parution : 15 Février 2017 - 296 pages

1 commentaire:

  1. Un livre que j'ai adoré !
    J'ai eu la change de rencontrer cette toute jeune auteur dernièrement et de lui dire tout le bien que j'ai pensé de son livre et ses livres.
    Et cerise sur le gâteau j'ai eu le plasir de lui poser quelques questions lors d'un plateau littéraire. Et là sa sensibilité a je crois touchée le public présent !

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